les aventures vertigineuses de Cecilia et Marquito au pays des pierres qui roulent !

21 diciembre 2005

Bolivie, signes particuliers

A Sucre, des camions chargés de pastèques sont arrivés dans la rue qui nous mène quotidiennement au centre ville. Des familles entières, venues de basse Bolivie, attendent sur le trottoir d'avoir vendu leur stock. Ca prend plus d'une semaine. Jour après jour on voit les montagnes de pastèques s'amenuiser. Et la nuit, quand on rentre à l'auberge, on passe sans faire de bruit : parents, frères et soeurs, bébés, dans les bras les uns des autres, dorment en dessous du camion familial.

Les boliviens des grandes villes circulent en "trufi". Issues d'un dangeureux croisement entre le bus et le taxi, ces camionettes peuvent contenir une douzaine de personnes en poussant bien. Les crieurs sont choisis pour leur capacité à hurler en articulant à toute vitesse. En équilibre sur le marchepied, ils annoncent le prix du parcours et gèrent les entrées et les sorties en plein embouteillage.

La traversée d'un marché Bolivien se laisse difficilement décrire. Empiétant sur l'avenue ou enserrées dans de grandes halles, les échoppes ne laissent qu'un espace de circulation réduit. Corps à corps obligatoire. Les "compra me / achète-moi !" , ou les "que me vas a llevar mamita ?/ que vas tu me prendre, petite maman ?" , ne demandent pas forcément de réponse. Désorientés par les odeurs de viande séchée (pourrie on a envie de dire, comme il n' y a pas de refrigération dans les boucheries), de fruits ou de fleurs tropicales, d'urine aussi, on cherche vainement un endroit pour discuter de ce qu'on veut acheter. Des enfants dorment, mangent, jouent, vivent sous les étalages. Le marché est partout : couvertures étendues dans les rues, sur les places, carrioles stationnées sous leur parasol de fortune, stands dressés jusque dans les escaliers les plus pentus.


A Cochabamba, dans l'avenue Aroma, on peut faire l'expérience déconcertante d'une fourmilière humaine : le marché déborde sur l´espace de circulation des voitures. Sur cette frontière c'est la cohue : les cris des "trufistes" se mêlent à ceux des vendeuses, les odeurs des pots d'échappement (mais en ont-ils vraiment ?) à celles des échoppes. Ceux qui s'extirpent du marché percutent ceux qui se jettent des trufis en marche, et les innocents qui croient descendre l'avenue à pied (nous) hésitent entre pousser le vendeur à la sauvette dans un étalage de patates douces, écraser le bébé qui se balade dans le caniveau ( mais où est sa mère ?), monter dans un trufi quelque soit sa destination ou se faire écraser par un bus.

Les bus aussi méritent une description rapide. De vieux Dodge. On peut y monter et en descendre n'importe où sur le trajet ( de préférence sur le bord des voies rapides). Ils sont bariolés et recouverts d'incriptions faisant référence à la bible ou au jargon du routier sympa, ce qui donne des mélange deconcertant du type " dans ce car on répond à l'amour par l'amour : monte, petite ! ". Autre exemple : l'image d'un christ barbu et blondinet, bras ouverts, sous-titrée par " C'est pas de ma faute si ça plait à ta femme !"

S' il arrive encore au bolivien de porter un bonnet andin sous son chapeau, c'est de loin l'habit de la bolivienne ( je ne parle pas des jeunes converties à la mode internationele de Britney Spears) qui se révèle le plus caractéristique. De haut en bas :
- fichu ou traditionnel chapeau melon
- invariables longues nattes noires ( on pourrait déterminer l'àge de ces dames à la longueur des cheveux blancs avant le dégradé gris / noir )
- attaches de ces mêmes nattes derrière le dos
- châle attachés par une épingle sur le devant, ou gilet aux décorations vives, souvent recouverts d'un tablier à carreaux bleu et blanc.
- élément indispensable : la couverture multicolore dans lesquels sont enroulés bébés, appareils ménagers, patates, coca ... elle est passée sous un bras et nouée sur une poitrine opulente, le poid est supporté en courbant l'échine.
- ceinture finement tissée pouvant servir de porte-feuille
- épaisse jupe à frange et multiples jupons
- sandales ruinées


Une image me reste : dans la bataille de l'avenue Aroma, une bolivienne passe, portant lourd, plus un bébé passé dans la ceinture et accroché au sein qu'il tête. Toutes les mains prises, elle baille.


3 Comments:

Anonymous Anónimo said...

BRAVO, c'est vivant et coloré. On se réjouit que vous ayez traversé avec bonheur l'épreuve de la rue bolivienne.

4:25 p. m.

 
Anonymous Anónimo said...

Que de couleurs! Est-ce pour donner un peu de gaieté à la misère?

3:31 a. m.

 
Blogger lesdeux said...

La misère dépend aussi de l'endroit où on habite. A niveau de vie egal on est moins miserable sur l'Isla del Sol !

2:33 p. m.

 

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